Ça bouge dans le réseau !

L’actualité de la sensibilisation à la transition énergétique à l’école

Le changement climatique expliqué par Watty

Par Olivier Diouron

Publié le 14 février 2022

Le changement climatique modifie durablement le climat global de la Terre. Watty initie les enfants de Saint-Jean-Cap-Ferrat à cette problématique. 

Nos activités impactent le climat. Notre consommation d’énergie, nécessaire à nos activités, impacte le climat. D’ailleurs ne devrait-on pas dire les climats ? Car effectivement, si le climat change au niveau global, c’est au niveau local que nous en ressentons les conséquences. En modifiant les climats, les humains altèrent les conditions de la vie sur Terre. Pas simplement pour eux-mêmes mais pour toute la sphère animale et végétale.

Bien que le phénomène du changement climatique soit complexe et multifactoriel, les rapports s’enchainent, et le doute n’est plus permis. L’urgence est donc à l’action. Car la lutte contre le dérèglement climatique est bien devenue une course contre la montre. Une course à rebours. Quand arriverons-nous à changer notre modèle de société ? à passer d’une société énergivore à une société sobre en énergie ?

La sensibilisation aux enfants est l’une de ces actions permettant d’éveiller leur conscience pour qu’aujourd’hui et demain ils agissent de façon libre et éclairée. 

Retour sur l’atelier 1 du programme Watty à l’école, abordant cette thématique, mené auprès des enfants, du CP au CM2, de St-Jean-Cap-Ferrat.

Alerter sans dramatiser

Plusieurs termes peuvent être utilisés lorsque l’on veut aborder le sujet : changement climatique, réchauffement climatique, urgence climatique ou encore dérèglement climatique. Qu’importe celui que l’on utilise le constat est unanime au sein de la communauté scientifique : le climat de la Terre se modifie à une vitesse sans précédent depuis quelques décennies.

Autant ne pas minimiser un phénomène bouleversant le monde dans lequel les enfants grandiront. Curieux, leurs connaissances s’aiguisent sur le sujet. Peut-être ne mesurent-ils pas encore tout à fait l’ampleur du phénomène, peut-être y répondent-ils de manière parfois simpliste, parfois utopiste. Mais qui pourrait le leur reprocher ? Les adultes n’ont-ils pas rendu notre monde trop complexe ? N’ont-ils pas perdu de leur côté toutes leurs illusions, leurs utopies ?

Autant préparer les enfants, en parlant vrai, en informant de la gravité, pour qu’ils soient conscient des bouleversements à venir, mais en donnant de l’espoir pour que celui-ci se transforme en envie d’agir. Rien ne serait pire que de laisser place à l’écoanxiété, à la peur et à la capitulation au travers un discours trop dramatisant, trop pessimiste.

L’effet de serre, indispensable à la vie sur terre

L’espace, c’est le vide : il n’y a rien pour transmettre la chaleur. Il y fait donc très froid : environ -270 degrés Celsius.

L’énergie, c’est la vie. Et la seule source d’énergie possible pour toutes les planètes du système solaire est le rayonnement de notre étoile : le soleil. Mais sa lumière se diffuse dans tout l’espace et plus une planète se trouve éloignée, plus l’action du rayonnement solaire est faible.

C’est pourquoi sans l’effet de serre, il ferait très froid sur Terre. La température moyenne de l’air à la surface de la Terre serait de -18°C. La vie, sous toutes ses formes, telle que nous la connaissons serait impossible.

 La Terre est entourée d’atmosphère, c’est-à-dire une enveloppe gazeuse. Cette enveloppe est composée de : vapeur d’eau (H2O), dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), protoxyde d’azote (N2O), etc. Ce sont les gaz à effet de serre ou GES. Invisibles à nos yeux, ils permettent pourtant de capter une partie du rayonnement solaire. Le phénomène est comparable à l’action d’une serre de jardin. Les enfants ont pu déjà le remarquer par eux-mêmes, il fait plus chaud dans une serre qu’en dehors.

La concentration dans l’atmosphère de ces gaz à effet de serre joue un rôle important dans la régulation du climat. C’est ce qui rend l’effet de serre si indispensable à la vie sur Terre. Grâce à cela, la température moyenne de l’air à la surface de la Terre est de 15°C. Sur Mars, où l’atmosphère ne contient presque pas de gaz à effet de serre, la température moyenne est de -63°C.

L’effet de serre est donc bien un phénomène naturel essentiel. Ce n’est donc pas ce phénomène à l’origine du dérèglement climatique.

L’énergie, le moteur du monde !

L’énergie est au centre de nos vies. C’est le moteur du monde. Pour aider les élèves à comprendre la place de l’énergie dans nos sociétés, comparons l’énergie au sang. Les élèves, conscients du caractère essentiel du sang qui coule dans nos veines, comprennent alors immédiatement l’importance de l’énergie. Cependant, comme toute chose vitale, c’est à peine si nous y prêtons attention.

Notre consommation d’énergie est addictive. Et plus on a de sources d’énergie, plus on en veut. La consommation mondiale n’a, jusqu’à ce jour, jamais baissé (1). Faut dire qu’elles démultiplient nettement nos capacités pour nous déplacer, nous chauffer, nous éclairer et produire tous les objets qui nous entourent et nous aident au quotidien que ce soit à l’école, à la maison ou, pour les parents, au travail.

Pourtant, et pour ne parler que du pétrole, celui-ci provient de la très lente décomposition d’organismes marins (principalement du plancton) accumulés au fond des océans, lacs ou deltas. Et aujourd’hui, si nous puisons allègrement dans le stock, sa formation remonte entre 20 et 350 millions d’années. Les énergies fossiles sont bien des énergies naturelles mais plus nous en consommons et plus elles s’épuisent. Et un jour, fatalement, il n’y en aura plus.

Nous sommes accros aux énergies fossiles, tel une drogue. D’ailleurs, dans la classe, le pétrole est tout autour de nous. Il est dans le plastique des règles, des trousses ou des crayons, dans les semelles des chaussures ou dans les fibres des vêtements, dans l’emballage des bouteilles d’eau ou des gâteaux. Il est partout et sert à tout.

L’accumulation de gaz à effet de serre, voilà la cause !

Mais voilà, notre utilisation d’énergies fossiles rajoute dans l’atmosphère des gaz à effet de serre. De la pollution comme nous avons coutume de dire. Les scientifiques constatent une augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Comparons l’augmentation de GES à un manteau : l’hiver, quand il fait très froid, il faut s’habiller chaudement pour sortir dehors, alors on se pare de notre manteau le plus chaud. C’est un peu la même chose pour la Terre. Elle a besoin de son manteau de GES pour se maintenir au chaud dans la froideur de l’espace. Mais si l’on rajoute des vêtements, alors que l’on est en mouvement, on finira par avoir trop chaud. Notre corps va se dérègler et on finira par se sentir mal. C’est la même chose pour la Terre. Lorsqu’il y a trop de GES dans l’atmosphère cela augmente la température et cela dérègle son climat. Un peu comme notre corps. C’est à ce titre que l’on parle de réchauffement climatique.

Une expérience pour comprendre

Matériels nécessaire pour l’expérience

Avec les CM, avec lesquelles on développe le plus la problématique, une expérience est mise en place pour illustrer le phénomène. 2 bocaux remplis d’eau, couverts d’un film alimentaire, et recouverts d’une feuille à dessin blanche pour l’un et noire pour l’autre, sont exposés au rayonnement chauffant d’une lumière ou directement su soleil si l’heure de l’animation et la météo le permettent.

Après un jeu de questions/réponses, pour comprendre ce que représente chacun de ces éléments, les élèves formulent l’hypothèse que la température de l’eau dans le bocal recouvert de feuille à dessin noire sera plus élevée que la température de l’eau dans le bocal recouvert de la feuille blanche car le noir attire la chaleur.

Cette expérience dure tout le temps de la séance. Grâce à un thermomètre digital avec sonde la température de l’eau est relevé par des élèves au début de l’expérience et par d’autres élèves à la fin de l’expérience, 45 minutes à 1 heure plus tard. Un ou plusieurs élèves sont désignés pour reproduire schématiquement l’expérience au tableau. Tous les élèves rapportent ces informations sur la fiche support qui leur a été distribuée.

Le résultat de l’expérience vient généralement conforter l’hypothèse. Une différence de 4 à 5°C d’écart est constatée par les élèves. L’expérience vient donc rendre très perceptible le dérèglement du climat par l’accumulation de gaz à effet de serre (pollution) due à la consommation d’énergie par l’ensemble des activités humaines (transport, industrie, agriculture, bâtiment).

Et aujourd’hui, en fonction des scénarios, on parle d’une augmentation de la température moyenne de l’air à la surface de la terre de 1,5°C à 4°C à l’horizon 2100. 4°C ça peut paraître insignifiant, n’est-ce-pas ? Ne constatons-nous pas déjà de tels écarts entre l’hiver et l’été, entre la nuit et le jour, le matin et l’après-midi, d’une région à l’autre etc.

Météo et climat, deux notions souvent confondues 

Attention à ne pas confondre météo et climat. Certaines personnes émettant encore des doutes concernant le réchauffement climatique pointent souvent la météo glaciale ou tempêtueuse d’un jour pour ironiser et exposer leurs désaccords à la face de leurs opposants. Pourtant, quelle « drôle » d’erreur font-ils ? Pas encore convaincus par les rapports du GIEC, compilation de dizaines de milliers d’articles scientifiques, s’ils s’en donnent les moyens, ils connaissent eux-mêmes la différence entre météo et climat. Et oui, ne savent-ils pas à quel temps s’attendre en été, en hiver, au printemps ou en automne ?! Fort heureusement, même si la différence n’est pas connue dans les classes, les réactions ne sont pas de ce genre.

Même si les deux notions sont liées, météo n’est pas climat. La météo décrit une situation locale sur une période courte. En effet, on cherche à connaître la météo de Saint-Jean-Cap-Ferrat pour demain et au mieux les quelques jours suivants afin de savoir comment s’habiller ou pour prévoir ce que l’on va faire le weekend. Le climat décrit les mêmes variables – mais pas uniquement – mais pour disposer d’une tendance sur une longue période et une large zone géographique.

Chaque degré supplémentaire compte !

Si techniquement la Terre n’est pas malade, cette métaphore permet aux élèves de saisir la réalité d’une augmentation de température de l’air à la surface de la Terre.

La température moyenne de notre corps considérée normale ou habituelle se situe entre 36,6 °C et 37 °C pour un adulte. On dit que la température est élevée lorsqu’elle dépasse les 38°C. A ce moment-là, nous avons de la fièvre voire d’autres symptômes (vomissement, maux de tête, etc.). Plus la température augmente, même d’un demi-degré, plus elle est de caractère urgente car alors la vie de la personne est en danger. Effectivement, au-delà de 41,6°C notre vie est en danger.

Pour la terre, les symptômes ce sont la montée des eaux, les sécheresses, les canicules, la difficulté pour les espèces animales et végétales à s’adapter. Pour la terre aussi chaque degré compte. Un monde à 1,5°C supplémentaires n’est pas le même qu’à 2°C supplémentaires et encore moins à 4°C supplémentaires. Chaque fraction de degré supplémentaire entraine des bouleversements plus intenses, plus fréquents, plus longs et de plus grandes échelles. Le souvenir de l’intensité de la tempête Alex est encore frais dans les esprits des élèves.

(2) Nice-Matin _ Capture ClimateCentral.org. Montée des eaux sur St-Jean-Cap-Ferrat.

Si les principales conséquences ne se feront peut-être pas sentir tout de suite par chez nous, comprendre les incidences locales permet de mieux visualiser les changements. Construit sur une zone partiellement gagnée sur la mer, la montée des eaux entraînera des conséquences pour l’aéroport de Nice d’ici l’horizon 2100. Le port de St-Jean-Cap-Ferrat et la partie menant à la pointe de Saint Hospice seraient eux aussi impactés.

Nous avons tous un rôle à jouer

Il n’est pas encore trop tard. L’objectif de l’écocitoyenneté, objectif du programme Watty à l’école, n’est pas de surcharger un individu de responsabilité et de devoirs, tout particulièrement un enfant, pour qu’il essaie de tout changer tout seul ! Les écogestes ne sont bien sûr pas LA solution. Toutefois, ils montrent que l’on peut agir quelle que soit l’échelle de décision, que l’on soit un enfant ou un adulte. Ils permettent de prendre les bons réflexes très tôt avant que s’insinue le poids des habitudes. Enfin, ils montrent que l’on peut agir individuellement mais pour le collectif.

Il demeure important de se dire « ça commence par moi ». Sinon comment exiger des autres qu’ils fassent mieux, et notamment des politiques ou des industriels ; comment inspirer les autres pour qu’ils changent à leur tour. Dans la course contre la montre contre le dérèglement climatique, tous les gestes comptent et plus vite nous les mettons en place, plus vite nous contribuons à réduire nos émissions de CO2.

Réduire son empreinte carbone est possible et est un objectif qui peut se faire progressivement. Il faut prioritairement éviter les gaspillages en tout genre, lumière ou alimentaire. Ecologie rime avec économie. Baisser le chauffage d’1°C permet de réduire sa consommation énergétique de 7%. Quand on sait que la facture annuelle moyenne des Français pour se chauffer se situe aux alentours de 1 600 €, il y a de quoi y réfléchir. Face à l’augmentation des prix des carburants, amener son enfant un peu plus souvent à l’école à vélo ou à pied, semble une idée écologiquement économique ! D’autant plus que cela l’aidera à sa concentration.  Se poser la question de savoir « s’il l’on en a vraiment besoin » avant d’acheter, éviter l’achat d’objet gadget ou à usage unique, acheter un peu plus souvent d’occasion permet là aussi de faire du bien à la planète comme à son portefeuille. Des alternatives existent souvent. Aujourd’hui, ne peut-on pas faire ses courses alimentaires dans des magasins vrac en apportant ses propres emballages plutôt que d’acheter des produits tout emballés ? Ne trouve-t-on pas des sites de seconde main ou de marques respectant un cahier des charges strict et respectueux de l’environnement ?

Laissons le mot de la fin à Julien Vidal, chantre des écogestes : « Être écocitoyen, c’est protéger le vivant et se reconnecter à lui. Mais quelle est la première expression du vivant, sinon nous-mêmes ? Nous avons devant nous une formidable opportunité de réinventer nos modes de vie pour être plus en connexion avec nous-mêmes, avec les autres et avec la Terre, mais aussi de faire en sorte d’arriver à garantir une vie à peu près décente aux générations futures. C’est un enjeu extraordinaire dans lequel nous avons tous un rôle à jouer » (3).

Sources :

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ressources_et_consommation_%C3%A9nerg%C3%A9tiques_mondiales

(2) https://www.nicematin.com/environnement/ces-endroits-sur-la-cote-dazur-pourraient-etre-immerges-a-cause-de-la-montee-des-eaux-720384

(3) https://www.essentiel-sante-magazine.fr/societe/environnement/julien-vidal-nous-avons-tous-un-role-a-jouer-face-a-lurgence-ecologique

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